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Chapitre 10
Chapitre 10
"Is a rat race dragging you down?
Are you stuck in that dead end town?
Are you looking for the way out?
Change or die
We're looking for the answers of our life
Tonight
You'll never change or die
The answer is for you to do what's right
Tonight"
Papa Roach - Change or die
"Est ce que c'est une foire te traînant vers le bas ?
Es tu coincé dans cette ville sans perspective ?
Cherche tu le chemin pour t'en sortir ?
Change ou meurs
Nous recherchons des réponses à notre vie
Ce soir
Tu ne changeras ou ne mourras jamais
La réponse est pour toi de faire ce qui est juste
Ce soir"
Il faisait nuit, seule une pleine lune oranger nous éclairait. Elle tourna la tête dans ma direction, de longues mèches de ses cheveux noirs lui passaient sur le voile qu’elle avait au visage, caressant ses épaules, longeant la courbure de son dos. Un corbeau croassa au loin. Elle plongea son regard dans le mien. Elle avait de si beaux yeux, un couleur Émeraude et l’autre au couleur d’Améthyste. Ses yeux m’étaient devenus tellement familiers. Le bruit des vagues résonnait sur les falaises qui nous entouraient. Il faisait sombre mais j’ai très clairement vu son regard, au travers du voile de dentelle noir, il était à la fois terrifié et soulagé. Elle me lâcha la main et entra dans l’eau…
La sonnerie du réveil me fit sursauter. Encore ce rêve. Pourquoi ?
Il était 11h.
- Allez, on se lève ! hurla Savannah en entrant dans la chambre.
- Savannah, baisse le volume ! T’es montée sur batteries ou quoi ?
- Il faut se lever mon petit loup. Il est l’heure, me dit-elle en s’agenouillant a coté du lit, comme si elle s’adressait à un enfant.
- Ouais c’est bon j’ai compris… »
Elle se releva, marcha en direction de la porte, l’ouvrit et juste avant de la refermer derrière elle, elle me hurla :
« Allez ! Bouge ton gros cul, feignasse ! »
Et claqua la porte.
Ma tête me faisait atrocement mal. Encore ces migraines. Je pris des cachets qui étaient sur la commode avant de sortir du lit, même si je savais pertinemment que cela n’allait rien changer.
J’enfilai les premiers vêtements qui me venaient sous la main, un corsage en cuir noir avec le lacet devant rouge et un pantalon en cuir noir fermé par un lacet rouge lui aussi. Et ma fidèle paire de Doc Marten’s noir. Puis je descendis au salon.
Savannah était assise dans le salon. Elle portait un legging noir en cuir, des bottines en velours noir compensées avec des clous sur les talons, un t-shirt court noir laissant voir son ventre parfait et des épaulettes en cuir ornées de quelques piques. Voyant que je regardais sa tenue d’un drôle d’air, elle me dit :
- Je suis passée chez moi chercher mes affaires.
- J’ai vus ça. Tu sais qu’on est en hiver ?
- Ouais, mais je m’en fous ! dit-elle en chantonnant.
- Ok, comme tu veux. Tu as été au coiffeur ?
- Non, non il ont poussé de soixante centimètres pendant la nuit !
- ça va, j’ai compris. Pas la peine d’être ironique.
- Comment tu vas ? me demanda-t-elle.
- J’ai juste l’impression que ma tête va exploser, mais à part ça, ça peut aller. lui répondis-je tout en m’asseyant à coté d’elle. Et ton mec, Joy c’est ça ? Il a fait quoi hier ?
- Comme je t’ai dit c’est un Protecteur. Donc ça c’est bien passé pour lui. Il est en route d’ailleurs.
- Et c’est quoi un « Protecteur » ?
- Comment t’expliquer ça ? C’est compliqué… hum.. En gros un Protecteur peut ouvrir une sorte de « portail spatio-temporel », me dit-elle en faisant de drôles de gestes avec ses mains. Qui fait que les personnes non-humaines, Kryssiophés, Zéphyrios ou autre ne sont pas vus par les humains quand ils sont entrain d’utiliser leurs pouvoirs. En Fait hier soir, tu as vu qu’il n’y avait plus personne sur le parking d’un coup ? C’est lui qui a fait ça. Il a senti qu’il se passait quelque chose, alors il a ouvert une brèche dans le temps pour que personne ne voit ce qui se passe. Tu comprends ?
- Ouais, j’essaye. Et comment il a fait pour Steeve, une fois qu’on est parti ?
- Il l’a amené au C.P.H pour l’enfermer. Là-bas il ne peut pas s’enfuir.
- Le C.P.H ? C’est quoi ça encore ?
- Le Centre de Protection Humaine.
- Ok. Et ils viennent d’où ces Protecteurs ? De la planète Protectoriaz ?
- Ha ha, très drôle. Ils viennent de la planète Terre, ce sont des humains nés avec des pouvoirs. Des mutants, si tu préfères. »
Trois coups furent frappés à la porte d’entrée. Savannah se leva et alla ouvrir. Elle revint dans le salon accompagnée de Joy qui la tenait par la taille. Il portait un pantalon bleu marine légèrement brillant avec un t-shirt gris en col « V » laissant entrevoir les clavicules de son corps d’homme parfait et une partie de son torse matte et musclé.
« Comment tu vas Kyles ? me demanda-t-il. Ton cou ça va ?
- Oui, ça peut aller merci. Viens t’asseoir. Tu veux boire quelque chose ?
- Je veux bien un café latté.
- Je m’en occupe, dit Savannah en chantonnant quand elle se dirigeait vers la cuisine.
- Savannah t’a expliqué pour moi ? me demanda-t-il.
- Oui. Mais je voudrais savoir comment tu as fait pour ne pas te faire tuer par Steeve ? Tu as d’autres pouvoirs que ce « portail spatio-temporel » ? Lui demandais-je en imitant les gestes de Savannah.
- Je peux rien qu’en touchant une personne la vider de son énergie vitale. Ce qui fait qu’elle s’évanouie.
- C’est ce que tu as fait à Steeve alors. Donc il est toujours au C.P.H ?
- Oui, oui, il peut pas partir de sa cellule.
- Je veux aller le voir.
- Il y a des Protecteurs là bas qui vont le questionner une fois qu’ils l’auront réveillé.
- Non ! Je veux le faire moi-même ! »
Savannah arriva avec deux tasses de café latté et une bière. Elle donna à Joy son café et me tendit la bière.
- Comment tu sais que j’en voulais une ? lui demandai-je en attrapant la bouteille.
- Je commence à te connaître maintenant, me dit-elle en me faisant un clin d’œil. Tu sais Ky‘, ça peut être dangereux que tu le fasses toi-même. Je sais, tu vas me dire ‘je peux très bien me débrouiller toute seule’ et compagnie. Mais il vaut mieux qu’il y ait au moins Joy avec toi. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive du mal. Je t’aime beaucoup tu sais. Tu est ma p’tite gouinette à moi » me dit Savannah, avec un sourire au coin des lèvres, essayant de cacher les larmes qui lui montaient aux yeux. --Elle est vraiment émotive…
- Et ben ! Tu vas virer lesbienne ou quoi ? dit Joy à Savannah en rigolant, puis il l’embrassa. T’y touches pas, elle est a moi ! J’ai cherché longtemps avant de trouver la perfection ! » me dit-il tout sourire.
Putain, qu’est-ce qu’il avait de belle dents !
- T’inquietes, j’ai Naïlys. On n’y va alors ?
- Ouais. Allez vous mettre un manteau les filles, il fait pas chaud dehors. »
Savannah mit sa veste en cuir rouge, et moi mon perfecto en cuir noir.
Effectivement il ne faisait pas chaud. Une vingtaine de centimètres de neige était tombée pendant la nuit.
Nous montâmes dans la voiture de Joy, puis partîmes direction le C.P.H.
La route dura près d’une demi-heure, puis nous arrivâmes devant un immense bâtiment noir mate, qui contrastait avec la neige blanche. Le hall était immense, tous les murs étaient noirs, au plafond il y avait un imposant lustre en pierres précieuses, de l’Onyx sûrement. Un vigile en costume blanc et chemise noire avec cravate blanche, demanda nos papiers, Joy tendit son passe. Il le vérifia et nous donna des passes à moi et à Savannah, puis nous laissa passer. Nous prîmes l’ascenseur et nous montâmes au troisième étage. Arrivés là, un autre vigile vérifia nos passes. Tous les murs ici aussi étaient noirs et devant chaque porte il y avait deux gardes, eux habillés d’un costume noir, d’une chemise rouge et une cravate noire. Nous avançâmes, il n’y avait que quatre portes, celle de l’ascenseur et trois autres. Nous nous sommes arrêtés devant la porte 13, la cellule de Steeve.
Après avoir scanné son passe, rentré ses empreintes digitales et une reconnaissance vocale, la porte se décida à se déverrouiller.
« Tu veux vraiment qu’on te laisse seule ? me demanda Savannah.
- Oui, s’il vous plaît.
- Si tu nous cherches on sera dans mon bureau, dit Joy »
Savannah me regarda, un air de dire ‘t’as intérêt à pas faire de gaffe !’ Ils repartirent direction l’ascenseur.
J’ouvris la porte et entrai. La pièce était plongée dans le noir complet, hormis un tube en verre, rempli d’un liquide rouge sang.
« Y a un truc qui cloche » dit-je à haute voix en regardant le silo. « Où est Steeve ? »
Je me dirigeais vers la porte mais elle se referma devant moi et les lumières m’éblouirent en s’allumant. La pièce était immense et d’un blanc immaculé -- on aurait dit la pièce où j’étais enfermée au Z.H. A un des coins je vis une silhouette noire floue, qui devint de plus en plus nette : Steeve.
« Bonjour Kyles, je t’ai pas trop manqué depuis hier ? me dit-il de sa voix rauque en me plaquant contre le mur.
- Joy ! hurlais-je, en espérant qu’il m’entende.
- Personne ne peut t’entendre ici, Kyles ! Personne ! Les murs sont insonorisés et il t’est impossible de te servir de tes pouvoirs !
- Et les cameras ! Ils vont nous voir et venir !
- Non, je ne sais pourquoi mais les miennes ne fonctionnent pas très bien. Elle font que rediffuser des images en boucle de quand j’étais dans ce tube !
Il me jeta contre le silo qui vola en éclat, me coupant à de multiple endroits et laissant rependre son liquide rouge dans toute la pièce.
« Où as-tu enfermé Naïlys !? hurlai-je en lui sautant dessus et le frappant, comme trois ans auparavant. Où est t’elle !? Qu’est-ce que tu lui as fait !? REPONDS MOI ! »
Ma nuque me brûlait, je mourrais d’envie d’utiliser mes pouvoirs, de le faire souffrir, de le tuer même. Mais je retenais mes coups. Mort il ne servirait à rien et je ne pourrais pas retrouver ma femme. Mes mains me brûlaient à leur tour. Je n’avais jamais ressenti une si grande colère. Tout mon corps me brûlait maintenant, la douleur était insupportable. En se débattant, Steeve m’attrapa par les cheveux et d’une force surhumaine, me balança a travers la pièce. Le choc fut violent quand mon dos rencontra le mur, à une vingtaine de mètres de Steeve. Je sentis mon corps s’écraser contre ce mur, j’entendis et sentis quelques uns de mes os se briser. Je me retrouvai à genoux et gémissais de douleur. Crier m’était impossible. J’avais trop mal.
« Tu est trop faible pour me vaincre ma chère Kyles. Et ça même si tu avais tes pouvoirs à leur maximum.
- Pourquoi tu gardes Naïlys ? Pourquoi elle ?
- Je t’avais dit que je ferai ça il y a trois ans. Et tu sauras pourquoi j’ai besoin des pouvoirs de Naïlys dans cinq jours. »
J’arrivai enfin à me mettre debout. Mon dos, mes côtes, mes épaules, tout mon corps me faisait atrocement mal et me brûlait. Steeve commença à marcher dans ma direction. Ma douleur était intense, je sentais les fragments d’os de mes côtes cassées flotter dans mon abdomen quand j’essayais de bouger. Du sang coulait en masse de ma bouche et des coupures que j’avais eues en traversant le tube. Je regardais ce liquide rouge qui était dans le silo qui maintenant me recouvrait, ainsi que tout le sol de la pièce. Puis je regardai Steeve qui s’approchait, il n’avait ni chaussures ni chaussettes, il ne portait qu’une sorte de pyjama d’hôpital, version noire. Tout en sachant que ça ne marcherait pas, je mis mes mains en contact avec le liquide couleur rubis. Je regardais un instant mon reflet. J’étais dans un piteux état… Je me concentrais à mon maximum, me vidai complètement l’esprit, inspirai un bon coup.
« ça ne sert à rien, je t’ai dit ! Tu ne peux pas te servir de tes pouvoirs i… » Il n’eu pas le temps de terminer sa phrase qu’il reçu une immense décharge électrique qui le fit décoller et heurter le plafond avant de retomber au sol. J’avais réussi. Je continuais jusqu’à épuisement. Je regardai de nouveaux mon reflet dans le liquide. Mon teint avait pali, on aurait dit un fantôme et je vis mes cheveux virer du brun au rouge sang. Cette décharge était si puissante que l’électricité de l’immeuble se coupa. Je tombai en arrière m’adossant contre le mur, je ne pouvais plus bouger. J’avais mal partout et mon corps tout entier me brûlait encore. Jamais je ne m’aurais un jour crus capable de ça.
La pièce fut de nouveau dans le noir. La seule lumière qui restait, était de fins éclairs qui zigzaguaient dans le liquide rouge sang. J’entendis les alarmes se déclencher et les lumières de secours se mirent en route. Ma vision devin floue et je vis la porte s’ouvrir.
« Kyles ! Tu vas b… ha ! Je rentre pas là dedans ! J’ai pas envie de bousiller mes bottines ! cria Savannah. Vas-y toi Joy !
- Tu rigoles ! Avec mes chaussures à 300$ ! s’écria celui-ci.
- Rien à foutre de tes chaussures ! Vas chercher Kyles ! »
Je me réveillai dans un lit d’hôpital, pouvant à peine bouger. J’avais des bandages partout mais la pire douleur était celle de ma nuque, qui me brûlait encore terriblement.
Je fis le tour de la chambre du regard. Elle ne ressemblait pas à une chambre d’hôpital ordinaire, sauf la couleur des murs, qui était rouge clair. A côté de moi il y avait une immense chaise noire -- on aurais dit un trône -- avec Savannah qui y dormait paisiblement, un livre à la main de Baudelaire, « les fleur du mal ».
Elle portait encore son legging et son t-shirt noir avec les épaulettes, ce qui était bon signe. Je n’étais pas là depuis plus d’une journée.
Je ne me souvenais de rien entre le moment où Joy me portait dans ses bras en sortant de la cellule n°13 et mon réveil a l’hôpital.
Qu’est devenu Steeve ? L’aurais-je tué ?
J’essayais de rentrer en contacte avec Naïlys, mais j’étais beaucoup trop faible et me rendormis quelque secondes après.
***
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